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mercredi 19 mars 2014

Transparence des interventions des banques centrales : un outil d'efficacité

Les LTRO (Long Term Refinancing Operation) sont des opérations ayant permis à la Banque Centrale Européenne de prêter à long terme (3 ans) aux banques européennes en 2011 et 2012. Les montants furent de 489 Mds d'euro en 2011, et 800 Mds d'euro en 2012. Plus de 500 banques ont bénéficié du premier LTRO et 800 du second. Je commence par ces chiffres afin de donner une idée de l'ampleur de l'aide accordée. L'idée, fort louable à l'origine, consistait à rassurer les marchés en assurant aux banques un financement à 3 ans à taux faible, plutôt que de pratiquer le renouvellement de financements à plus court terme. L'objectif de soutien aux banques et à l"économie européenne paraissait clair à l'époque, mais plus de deux ans après cette aide massive, l'économie européenne patine et nous sommes assez proche finalement d'un scénario tel que celui qu'a connu le Japon au début des années 90 et il est légitime de se demander pourquoi.

La réponse repose en partie sur un parallèle qu'il est en effet possible d'établir avec la crise nippone et les similitudes quant à la nature secrète des opérations et au manque de transparence. Dans le cas européen, les 1 000 milliards prêtés par la Banque Centrale Européenne à cette occasion l'ont été avec une absence de transparence quasiment sans équivalent dans le monde. Aucune information précise n'a été fournie quant aux bénéficiaires de ce LTRO (http://www.les-crises.fr/documents/2012/bce.pdf). Certaines banques ont déclaré le montant reçu (24 Mds pour Intesa, 22 Mds pour BBVA, 11 Mds pour la Lloyds), d'autres uniquement le fait d'avoir bénéficié du LTRO sans préciser le montant (Caixa Bank...) et enfin certaines ont simplement refusé de communiquer quelle information que ce soit (c'est le cas des banques françaises par exemple). L'objectif affichée de ce manque de transparence est de ne pas affoler les marchés : "les banques vont mal, sauvons les sans le dire et tout ira mieux ensuite".
Le problème d'une telle opacité est, comme ce fut le cas au Japon il y a 20 ans, son incapacité à rassurer les investisseurs et les déposants. Cette stratégie consistant à agir en ne communiquant pas les mauvaises nouvelles montre actuellement ses limites. Ces dernières sont d'ailleurs si criantes, que la BCE procède actuellement à une opération vérité sur les parties les plus opaques des banques européennes, les créances douteuses et les actifs de niveau 3 notamment. L'AQR (Asset Quality Review) consiste à auditer enfin les bilans bancaires européens.

Quand en 2014 (soit plus de 2 ans après le dernier LTRO), Unicredit annonce avoir provisionné plus de 9 Mds d'euro et déprécie pour un montant équivalent de survaleurs sur l'exercice 2013, elle ne le fait que parce qu'arrive ce fameux AQR de la BCE, révélateur d'informations qui effraie de nombreuses banques.

Il est sans doute un peu naïf de penser que les montants gigantesques d'actifs complexes à évaluer des bilans bancaires européens vont pouvoir être analysé en toute transparence, mais je reste convaincu qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction.

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