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lundi 28 octobre 2013

Sortie de la deuxième édition du livre "Banque et Intermédiation Financière"

J'ai le plaisir de vous annoncer la sortie de la 2e édition du livre "Banque et Intermédiation Financière" chez Economica.

Cette nouvelle édition, actualisée et enrichie, intègre de nouveaux chapitres relatifs au financement de projet, à la gestion d’actifs, au risque systémique et à la gouvernance des banques ainsi qu'une mise à jour des chapitres présents dans la première édition. Elle répond aux questions que se posent les différents acteurs économiques désireux de mieux connaître l’univers des banques.





mercredi 23 octobre 2013

Comment limiter les biais de régulation ?

En ces périodes de prix Nobel, je lisais récemment un ouvrage de Daniel Kahneman, prix Nobel d'économie en 2002 pour l'apport énorme de ses travaux au courant de la finance comportementale (voir à ce propos les travaux de Shiller, prix Nobel 2013).
Cet ouvrage s'intitule "Thinking, Fast and Slow" et présente les réflexions les plus récentes de Kahneman concernant le jugement individuel et la prise de décision en environ incertain. D'après lui, les gens commettent d'importants biais lorsqu’ils choisissent, du fait des nombreuses règles simplifiées ("heuristics") utilisées pour guider leurs choix. Dans cet ouvrage,  Kahneman décompose le fonctionnement du cerveau en deux systèmes. 
Le système 1 fonctionne de manière automatique, est très rapide, n'a pas besoin  de pause, et il est très difficile, voire impossible, à contrôler.
Parallèlement, le système 2 est plutôt lent, mais capable de réaliser des opérations cognitives complexes, ce que le système 1 ne prend pas le temps de faire.
Face à un problème quelconque, le système 1 fournit quasi instantanément une liste de réponses, plus ou moins satisfaisantes. Le système 2 doit contrôler le système 1, mais pour cela, il a besoin de temps et doit souvent laisser le système 1 "décider" sans pouvoir intervenir.

La lecture de ce livre, m'a inspiré une application à la régulation bancaire en passant de la psychologie individuelle à la psychologie collective . Cette application est certes imparfaite, mais l'idée de ce blog n'est-elle pas de lancer certaines pistes de réflexions que d'éventuels travaux ultérieurs pourront renforcer ?

Envisageons l'organisation bancaire comme la juxtaposition de deux systèmes. Le premier est rapide dans sa capacité à prendre des décisions, se repose peu et surtout est très difficile à contrôler. Le second est plus lent, suppose une réflexion permettant la prise de décisions cognitives complexes. Les acteurs des salles de marché, les équipes de M&A, les chargés de clientèles sont des illustrations de ce que peut être le système 1 dans la banque. Le contrôle et l'audit interne et externe nous rapprochent plus du système 2 se situant moins dans la prise de décision immédiate et chargé d'envisager les conséquences des décisions prises par le système 1.
A partir de représentation de la banque, on peut envisager les dangers de la régulation actuelle, trop complexe et alambiquée, dans le surcroit de travail qu'elle impose au système 2 sans ralentir l’hyperactivité du système 1. Les modes de rémunération dans la banque fondée autant sur le volume d'affaires que sur la performance incite toujours fortement à cette hyperactivité que le système 2 peine à contrôler. Kahneman explique très bien que l'importante énergie dont a besoin le système 2 dans son contrôle du système 1, ralentit encore plus sa propre activité. Plus la régulation est complexe, plus le système 2 est énergivore et moins il est efficace.

Charger le contrôle interne et l'audit d'une réglementation toujours plus complexe, donne l'impression d'une plus grande transparence et d'une plus grande sécurité du système. Cependant il n'est pas certain que cela améliore réellement la capacité de contrôle dans les banques et la solvabilité du système.

jeudi 13 juin 2013

De l'importance d'informer les déposants

J'ai eu le plaisir d'assister la semaine dernière à l'Université Paris Dauphine à une présentation par Manju Puri (Duke University) d'un article intitulé "Do Depositors Monitor Banks". Cet article traite des ruées bancaires et surtout de la réaction des déposants face à une mauvaise nouvelle concernant la banque dans laquelle est déposée leur argent (Pour télécharger le papier sur SSRN). Cet article particulièrement intéressant, est établi à partir d'une base de données unique reposant sur la nature de chacun des dépôts (montant, mais également sur certaines caractéristiques individuelles des déposants...) d'une banque indienne ayant subi une ruée bancaire suite à des erreurs de management révélées par le régulateur indien.

Parmi les nombreux résultats de cette étude, j'ai été particulièrement intéressé par celui qui montre que  les déposants contrôlent le risque de la banque, non pas directement à travers l'analyse des fondamentaux de celle-ci, mais à travers les informations émises par l'agence de régulation. La question du contrôle la banque par les déposants est au centre de nombreuses réflexions depuis longtemps et notamment l'article de Diamond en 1984. Mais la plupart des modèles théoriques et des implications pratiques n'envisage que le contrôle direct de la banque par les déposants. Considérer le rôle central du régulateur dans ce contrôle de la banque par les déposants est nouveau et mériterait sans doute d'autres études.

Ce résultat est en effet fondamental, car il confirme l'importance du régulateur, mais pas uniquement dans son rôle d'interlocuteur technique des spécialistes bancaires. Il met en exergue le besoin pour le régulateur de prendre conscience de son importance auprès des déposants, agents non spécialistes mais parties prenantes fondamentales des banques. L'information qu'il émet doit ainsi pouvoir être transmise aux déposants afin notamment de lutter contre l'éloignement très net observé depuis la crise entre les banques et les déposants-contribuables.

mardi 4 juin 2013

Faut-il craindre les banques too big to fail ?

Depuis la crise, les grandes banques sont plus inquiétantes que rassurantes.

Dans une petite interview disponible à l'adresse suivante (Atlantico. Too big to fail), j'explique que, certes il est légitime de s'inquiéter du danger en provenance des banques "systémiques et de l'incapacité des Etats à rassurer face à ce danger , mais que ce dernier provient plus d'une mauvaise répartition des risques en cas de faillite bancaire que de leur taille.

lundi 27 mai 2013

Si les régulateurs bancaires s'occupaient de sécurité routière


Si la logique de supervision bancaire qui prévaut depuis quelques années guidait également la sécurité routière, que deviendrait une règle aussi simple que la limitation de la vitesse à 130 km/h sur autoroute ?   Que deviendrait également la sanction en cas de dépassement ?

Partant d'une règle simple mais imparfaite, connue de toutes et de tous, à savoir la vitesse limite sur autoroute, la confusion entre quantité et qualité de régulation aboutirait sans doute à une règle qui ressemblerait à cela.


Sur cette base de 130 km/h, la vitesse limite serait modifiée à l'aide d'une fonction non linéaire du poids de la voiture, de sa cylindrée, de l’âge du chauffeur ainsi que du kilométrage de la voiture. Il serait également fait appel à une loi statistique de mesure de la probabilité du temps de réaction du chauffeur en fonction de différents paramètres le caractérisant. Cette loi serait bien entendu leptokurtique afin de s'écarter du modèle gaussien que tout le monde reconnaît trop simplificateur.

Une telle règle aurait l'avantage d'être perçue comme moins naïve et favoriserait les conducteurs expérimentés conduisant un break de marque réputée (Les assureurs effectuent ce travail dans la détermination du montant de la prime d'assurance, et c'est ici très légitime). Cependant, cet accroissement d'information aurait surtout comme conséquence de compliquer le message, de le rendre moins efficace, car laissant place à de nombreux arbitrages.

Un tel accroissement d'information générerait, contrairement à ce qui est communément admis, un affaiblissement de la connaissance partagée, et donc de la sécurité collective, ce qui contraire à l'objectif recherché.

Dans le cas de la régulation bancaire, il semble que régulateurs et banquiers s'entendent au moins sur une chose : la complexification des règles de supervision. Ces dernières sont de moins en moins lisibles,  de moins en moins opérationnelles et compréhensibles, permettant un arbitrage défavorable à la solvabilité des banques et donc la stabilité du système.

Il semble nécessaire aujourd'hui de revenir à des règles plus simples, plus lisibles en séparant quantité et qualité d'information, en accroissant la qualité de la connaissance créée par la régulation plus qu'en empilant les règles de plus en plus complexes et arbitrables.

http://communautes.agefi.fr/bale-iii/si-les-regulateurs-bancaires-s-occupaient-de-securite-routie